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VOUS ! Mes princesses, mes amazones, mes héroïnes

J’ai toujours beaucoup dessiné.


C’est mon premier medium. Sur le papier tout est possible.


Depuis toute petite je griffonne exclusivement des silhouettes, surtout féminines. Il n’y a pas de paysages ni de meubles, une chaise tout au plus.


Mes personnages flottent sur la page blanche et sont libres de composer mon imaginaire.



D’infinies histoires, d’infinies possibilités d’être, de m’inventer, de voyager, une échappatoire, indispensable, une façon de se construire, de grandir, mille représentations de moi qui remplissent carnets et feuilles par centaines.


À 7 ou 8 ans c’est plutôt des Barbies princesses parées de mille robes. Adolescente, les amazones cyborg de ma toute jeune culture manga puis les super héroïnes de comics américains et des bd. À 20 ans, je travaille le nu féminin, appréhende le corps, ses courbes, ses attaches, comprendre son mouvement. Puis je le rhabille et là le dessin ne me suffit plus.



Mes princesses, mes amazones, mes héroïnes peuvent-elles exister pour de vrai ?


Je réalise qu’elles sont déjà là,

VOUS êtes là.

Je dessine pour vous, pour moi, les mille femmes que nous incarnons.


Changement de support, on passe en trois dimensions, au volume. Mes silhouettes deviennent vivantes ! Ah, ça devient intéressant !


Le tissu habille, pare, transforme, déguise parfois.

La silhouette nous raconte, nous invente, nous révèle.



Chaque robe a sa propre histoire. Leurs influences sont multiples et sont marquées par mes souvenirs de beau absolu et d’émotion subversive.


Je recrée telle une madeleine de Proust cette robe à fines bretelles dans laquelle je me suis sentie devenir femme pour la première fois.


Au détour d’un couloir de la Tate Britain Galerie de Londres, je tombe en adoration devant Ophélie de Millais, je reste jusqu’à la fermeture à la contempler dans sa robe vaporeuse, me noyant moi-même devant la beauté mélancolique. Je comprends à ce moment-là ce qu’une œuvre d’art provoque comme séisme émotionnel.


L’art résonne beaucoup en moi, j’aime l’« outrenoir »de Soulages, les expérimentations de Tapiés mais aussi la profusion de détails chez Klimt et les jungles exubérantes du Douanier Rousseau. J’aime l’accumulation, l’omniprésence, la saturation, la matière, le vide, le monochrome. Du moment que leur rencontre est extrême.


Je suis très inspirée par le style des « élégantes » des Années folles avec sa taille basse, son décolleté croisé et profond. À cette période j’emprunte les arabesques et la géométrie de l’Art déco, l’influence japonisante, l’origami ainsi que l’art de la coupe épurée d’une modernité absolue de Madeleine Vionnet.


Fascinée par la danse contemporaine, mon émotion grandit devant l’incroyable talent de la danseuse Pina Bausch, je travaille mes coupes en hommage au mouvement. Entrelacée, drapée, virevoltant.


J’imagine des robes minimalistes pour des actrices, des chanteuses. Elles jouent toutes les femmes, transposées dans des décors irréels, c’est ça qui me fascine. Elles sont, au détour de chaque rôle, une autre personne que l’on ose fantasmer.


À chaque trait de crayon, chaque ligne écrite résonne une musique électrisante que j’écoute toujours beaucoup trop fort au casque. Un besoin absolu pour me concentrer. En ce moment c’est FKA Twigs, GRIMMES et Janelle MONAE , des guerrières !

La tête haute, l’air frondeur, j’invente la femme que vous êtes aujourd’hui, que vous devenez, et qui m’inspire.






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